[ Calme, mais pas longtemps [ Aretan-Eorthannes ]

Marcher, marcher toujours marcher… Certes il se sentait beaucoup mieux après quelques heures passées sur le dos d’Aretan, et le dégourdissement de ses jambes lui avait fait le plus grand bien, mais là, il commençait vraiment à en avoir sa claque de mettre un pied devant l’autre. Non pas qu’il soit fatigué mais poser ses pas au sol pendant plusieurs heures, sans courir qui plus était se révélait être un exercice ennuyeux pour un homme aussi impatient, vif et remuant qu’Eorthanes. Le barbare avait déjà demandé plusieurs fois, en homme impatient de connaître sa destination parfois en gamin (qui ne sait pas qu’il va chez le médecin) et qui questionne pour la dixième fois quel est le but du voyage, le barbare demanda donc une bonne dizaine de fois le but du voyage mais le Traqueur mû comme par une illumination subite n’avait pas daigné lui adresser la parole. Le guerrier reçut la même réponse muette quand il demanda si on ne pouvait pas accélérer la vitesse de déplacement et commença à émettre quelques doutes quant à la santé mentale de son compagnon. Mais il le suivait comme s’il était poussé par cette même force invisible ; il tenta de ré émettre une objection mais croisa le regard froid du Traqueur et n’osa plus ouvrir plus la bouche tant qu’il furent sur la route... mais ça commençait à lui peser sérieusement cette histoire. Depuis combien de temps parcouraient-ils ce chemin ? six heures ? huit heures ? dix heures ? Sans doute plus. Il ne ressentait pas le problème de la faim et cela l’intriguait, il n’était pas inquiet au sujet de son estomac, sachant se retenir de manger pendant plusieurs jours de suite, mais d’habitude, les premiers gargouillements se manifestaient tout de même après plusieurs heures, enfin bon, en ce moment, il avait plus à se soucier de son état psychique que de ses besoins alimentaires.
Tout mis l’un dans l’autre ne s’arrangeait pas si mal pour Eorthanes : il se sentait plus fort physiquement, sentait que son intelligence avait augmenté (et ceux qui lui répondaient que c’était pas dur pouvaient goûter son épée) et se sentait tout bonnement différent, plus sûr de lui, tout simplement. Mais d’un autre côté, comment se sentir à l’aise avec cette épée de Damoclès qui semblait pouvoir lui tomber dessus à n’importe quel moment ? Il fit une prière intérieure aux dieux du Valhallah qu’ils ne le laissent pas de côté. Il voulait son paradis et lutterait chèrement pour l’obtenir !

A force de se perdre dans ces considérations et ces réflexions profondes, il s’aperçut qu’ils avaient atteint un petite plage très belle mais dont la beauté commençait à s’estomper avec l’arrivée d’une pluie assez conséquente… La pluie… il ne manquait plus que cela ! La marche, l’ennui, le silence et maintenant l’eau devant et au dessus… Le barbare allait exploser de colère quand il aperçut (pas distinctement du fait que l’averse lui bouchait la vue) le dos et les cheveux bruns d’une jeune femme. Immédiatement, son regard se porta sur Aretan et sur Fyllias et il comprit automatiquement que l’humaine qui se trouvait devant eux ne pouvait être que l’amoureuse du Traqueur (dont ce dernier ne lui avait jamais dit le nom d’ailleurs), la femme qu’il avait aperçut dans les nuées pendant la crise de son compagnon et vers laquelle celui-ci avait vainement cherché à tendre son bras pour la toucher.

[HRP] excusez - moi pour cette réponse tardive... [HRP]

Aretan n'avait cessé de marcher depuis leur départ de la grande crevasse. Eorthanes avait fini par se laisser porter pendant plusieurs heures, et le jeune homme, heureux de pouvoir lui permettre de se reposer sans le moindre souci n'avait pas bronché, même lorsque son ami s'était débattu viollemment en pleine rêve. Sans doute ne s'en souvenait-il plus. Fyllias, perché sur l'épaule du Traqueur, s'était éveillé lui aussi quelques heures plus tôt, et gardait une sorte d'allure noble, une position de droiture et de force que n'inspirait pas tout aigle banal. Eorthanes n'avait cessé, depuis son réveil de harceler le jeune homme de questions, auxquelles il ne pouvait même pas répondre. il marchait, suivant son instinct, avant tout pour retrouver les derniers Six Griffes, et puis peut-être pour lui laisser le temps de réfléchir à son avenir, à ce qu'il devenait. Si une part importante de mal guidait à présent son esprit, ses pouvoirs en avaient été renforcés, aussi ne regrettait-il pas d'avoir subit cette crise qui l'avait transformé...
Lorsque le mercenaire lui posa une énième fois la même question, le jeune homme se retourna vers lui et le fixa de ses yeux rouges. il avait senti un trouble dans la personnalité de son ami. Le sang maudit coulait toujours en lui, et peut-être que la peur de rejoindre des agents d'Amos comme les Six griffes le tenaillait. Le jeune homme pris peine de l'état de son compagnon, et se jura qu'il chercherait à l'aider. Puis il repensa au moment où le sentiment neuf qu'était l'amour avait repris l'avantage sur le mal qui le gagnait: le visage de Fatina, resplendissante de beauté, s'était matérialisé devant leurs yeux au moment ou Fyllias avait pris la broche d'émeraude. Un bref soruire apparut sur son visage. que devenait-elle, cette femme qui lui avait offert son premier baiser? Avait-elle trouvé un remède à son mal? puis il songea au sang maudit qui coulait dans les veines de son ami: sil le liquide maléfique avait décuplé l'intelligence de son ami, peut-être qu'il permettrait à la jeune femme de ne conserver que sa forme humaine...
Ses réflexions furent interrompues lorsqu'il découvrit qu'ils arrivaient au-devant d'une plage, apparremment abandonnée. Une pluie fine tombait calmement mais franchement. le jeune homme leva la tête et ferma les yeux. l'endroit lui semblait doux, pour une raison qui lui était encore inconnue. Tout en balayant le rivage de son regard flamboyant, il s'apprêtait à prononcer quelques mots à l'égard de son ami, mais il vit la jeune femme, étendue dur le sol, vêtue d'une légère robe blanche, apparremment calme et reposée. Il resta la bouche ouverte, hébété, Fyllias s'envola. Le jeune homme la reconnut immédiatement. il fit un pas, puis un autre, l'air étrange, comme evanescent, et continua d'avancer vers elle, laissant son ami derrière lui. Arrivé à côté d'elle, il tendit la main et lui carressa doucement le dos d'une manière à la fois tendre et mal assurée. puis il se pencha sur elle et lui chuchota:
- Bonjour, Fatina...

Fatina s'était endormie, berçée par le vent et la pluie. Une véritable berçeuse tout cela... Surtout quand vous êtes fatigué. Enfin bref, la jeune femme était allongé sur le sable, les mains cachés sous la cheveulure brune.
Tandis que le sommeil l'emportait, l'humaine plongea dans un rêve étrange. Elle avait déjà fait ce genre de rêve durant le passé... Et jamais ils n'avaient annonçé une bonne chose. Le pire dans cela, c'était quà chaque fois, ils s'étaient réalisé.
Dans le rêve dans lequel la jeune femme était entraîner de force, elle voyait deux ombres, parmis un paysage assez floue... Il était quand même simple de comprendre que des deux personnes, l'une était très jeune tandis que l'autre était agée. Enfin, Fatina ne pouvait voir le visage de ces deux curieux êtres. Il se passa quelque chose que la jeune femme ne pu comprendre, puis, l'ombre agée tomba... Dans le néant, pour ne plus se relever. Elle avait périe, par la faute de la jeune. Mais qui étaient-elle ces personnes ? Fati pouvait déjà deviner que l'une d'elle mourrait dans le futur... Mais pour faire éviter ce meurtre... Il faudrait savoir de qui il s'agissait... Cela allait être difficile, surtout qu'une fois éveillée, l'humaine ne se souviendrait plus avant un bon bout de temps de cette vision.
Finalement, ce fut une voix... Connue, qui tira la jeune femme de son sommeil, ainsi qu'un contact dans le long de son dos. Qu'est ce que... Mais, elle connaissait cette voix. C'était celle d'un jeune homme pour sûr, et des jeunes hommes, Fatina n'en connaissait pas trente-six. C'est pourquoi, une fois qu'elle eut ouvret doucement les yeux, l'humaine se leva lentement et regarda Aretan avec un regard incertain. Etait-ce aussi un rêve ?
Pour s'en assurer, la jeune femme posa, avec hésitement, sa main sur la joue du garçon, s'assurant qu'Aretan était bel et bien là, devant elle.
Mais oui, c'était bien lui, Fatina n'en croyait pas ses yeux, et la broche... Elle était là, accrochée sur la poitrine du jeune homme. Lui, il n'avait pas changé. Toujours le même que dans les souvenirs de Fatina. Deux semaines s'étaient écoulés depuis qu'ils s'étaient quittés... Le temps passe vite dis donc.

- C'est toi...

Il eut un moment de silence, sans gestes de la part de Fati, puis, semblant craquer à la tentation, la jeune femme sauta au cou d'Aretan pour se coller contre lui. C'était lui...
Fatina leva les yeux vers ceux d'Aretan et fronça des sourçils. C'était quoi ce rouge ?... Dans ces pupilles, quel était le maléfice qui avait fait cela ? Fatina s'inquièta mais garda le silence. Pourtant, elle savait qu'à un moment où un autre, le sujet de ces étranges pupilles serait abordé.
La jeune femme se pinça la lèvre, et souria de son mieux tandis que ses yeux allèrent vers Eorthannes. Qui était cet homme ?

[ No problèmes. Edité ]

[HRP] désolé de l'attente j'étais parti en voyage >< je répond à Eorthanes [HRP]

Et voilà, le barbare avait bien raison : cette jeune femme dont il avait très courtement entraperçu le visage n’était autre que l’épouse sinon la bien-aimée du Traqueur Aretan, son (depuis peu) compagnon de route. Comme dans un rêve, une vision aphrodisiaque (ou par une simple coïncidence, choisissez la proposition qui vous convient le mieux), la pluie s’arrêta soudainement de tomber et laissa place non pas à quelques nuages voilant un timide soleil mais à un astre rougeoyant et comme entourant les deux amants de ses feux ardents. Fyllias pour l’occasion des heureuses retrouvailles s’était envolé et piaillait à tue-tête en tournoyant au dessus des jeunes gens complétant ainsi la scène qui se déroulait devant les yeux d’Eorthanes... un Eorthanes un peu perdu par ailleurs car il ne lui avait jamais été donné d’assister à telle effusion entre deux personnes amoureuses et un léger sentiment d’être de trop, d’assombrir le tableau par sa démarche lourde maladroite et un peu pataude s’installa en lui.
De plus, un désaccord n’arrivant jamais seul, il remarqua le changement d’attitude de Fatina (puisqu’il l’avait entendue s’appeler Fatina) lorsqu’elle recroisa le regard de son bien-aimé : c’était plus une sorte de désarroi, de frayeur qui s’installa alors dans son expression. Et le guerrier qui assistait à la scène en était parfaitement conscient et comprenait parfaitement : imaginez un instant que vous laissiez votre amant parfaitement normal et que vous le retrouviez quelques temps plus tard comme transpirant une espèce d’aura sombre et avec des yeux rouge sang… Imaginez un instant le choc.
Enfin, son regard qui s’était relevé un instant croisa celui de la jeune femme. Elle était belle, encore plus belle que l’apparition, avec ses longs cheveux bruns qui lui tombaient le long de la nuque et respirait la tranquillité et la pureté… Comment Aretan pouvait-il encore sombrer du côté du Mal en compagnie de cette personne si lumineuse ? Des perles d’eau coulaient de sa robe blanche et ajoutaient encore à la beauté du spectacle…
- Mon nom est Eorthanes Parmès, prononça-t-il d’une voix rauque et traînante, guerrier errant natif d’une petite bourgade d’Omlid. J’ai rencontré votre ami (il n’osa pas employer de terme plus fort) en Swilyara et depuis deux jours, je marche avec lui.
Et vlan ! Encore une présentation dénuée de tout charisme, simple et brutale. Mais quand arriverait-il à se montrer plus… humain ? Et surtout moins ours ou bête sauvage ? Malgré ses manières de s’exprimer un petit peu plus élaborées depuis cet incident avec Lahpathil, des progrès d’éloquence seraient sans doute encore nécessaires… Un peu piteux de n’avoir pu se présenter plus convenablement, il baissa la tête et recula d’un pas.

Aretan sentit un frémissement parcourant le corps de Fatina lorsqu'elle vit ses yeux. Il n'y fit pas plus attention que ça. Puis il entendit les présentations maladroites de son ami, ce qui le fit largement sourire. Il le taquina:
- Ne fais pas attention au ton bourru d'Eorthanes, Fatina. Bien que depuis peu ses capacités mentales aient augmenté, il n'est pas très futé. mais c'est un ami loyal et fier.
Puis il pris la jeune femme dans les bras et se releva.
- Il s'est passé plusieurs choses depuis notre dernière rencontre.
Il fronça les sourcils, pensif, et poursuivit:
- As-tu revu cette étrange femme, qui s'appelait Eldarianne? Il me semble à présent qu'elle était un vampire.
Il fit quelques pas, sa bien-aimée dans les bras, le soleil rougeoyant rendant presque vivant les flammes qui dansaient dans ses yeux, vers son ami. Fyllias tournoyait au-dessus d'eux. Mais malgré cette atmosphère agréable et apaisante, ses sens de Traqueur l'alarmaient quelque peu: il n'était pas tranquille, et un mauvais pressentimentse profilait dans son esprit. Il concracta tous ses muscles. L'aigle condor sentit son trouble et vola plus en altitude, au cas ou un piqué s'avérait indispensable. Mais pour l'instant, le jeune Traqueur n'avait qu'un pressentiment, aussi ne s'inquiéta-t-il pas. Il sourit à son ami, songeant soudainement à une chose à laquelle il n'avait encore jamais pensé:
- Eorthanes, j'aimerai savoir... As-tu une compagne?
Un sourire machiavélique se dessina sur ses lèvres: il adorait taquiner son compagnon!

Le vent sembla retomber brusquement. Pas énormément, mais assez pour créer un froid sur la joyeuse scène de retrouvailles qui se déroulait sur cette plage. Les vagues semblaient avoir perdu de leur intensité et la pluie recommença à tomber sur le petit groupe, plus froide et semblant pénétrer plus profondément dans les vêtements des personnes présentes. Le sable mouillé coula de la robe blanche immaculée de Fatina en laissant quelques traînées boueuses.
Il vit les deux toutereaux parler de choses ne le concernant pas... Qui était donc cette femme nommée Eldatienne? non Eldarianne... qui serait devenue vampire... Se désinterressant totalement de la conversation des deux, il concentra son regard sur le zozieau qui avait lui aussi senti quelque chose. Qu'y avait-il dans l'air qui les mettait ausi mal à l'aise

- ...as-tu une compagne?

La fin de la question sonna bizarrement dans les oreilles du barbare. Oui, il avait connu l'amour, mais non il n'avait pas connu l'Amour (avec un grand A comme A la claire fontaine)... Oui il avait connu des filles, non il n'avait pas connu LA fille! Oui il avait déjà joué la pièce "Va et Vient" mais non, il n'avait jamais dit de serment fougueux au clair de lune près d'un quelconque lac.
C'est donc piteusement qu'il baissa encore plus bas son regard et afficha clairement une mine déconfite avant de grogner une vague dénégation. Il était habitué au railleries de son compagnon mais celle-ci lui faisait quelque chose en plus... Peut-être lui montrait-elle qu'il était trop refermé sur lui même?

Les yeux rivés sur ses pieds et le coeur lourd, le barbare attendit la suite des événements...